Un nom pour la liberté !

expoS’il y a bien un moment où le fait d’avoir un a eu sens c’était bien à ce moment là. Lewis Carroll se demandait « Un nom doit-il toujours signifier quelque chose ? », pour eux il signifiait liberté et citoyenneté.

Une exposition retrace en ce moment et jusqu’à la fin de l’année l’histoire de l’affranchissement à la Réunion, son nom « les noms de la liberté, 1664-1848».

Ce qu’il faut savoir, c’est que lorsque les esclaves arrivaient sur l’île, ils devaient se faire baptiser et changer de prénom, ils perdaient ainsi leur prénom d’origine et en prenaient un occidental. On leur donnait un prénom, mais pas de patronyme. En effet, depuis les lois concernant la réglementation de l’esclavage de 1723, l’attribution d’un nom de famille était synonyme d’affranchissement et donc de liberté. Bien sûr, les affranchissements étaient très rares, puisque l’on dénombrait au moment de l’abolition de l’esclavage seulement 10% d’esclaves libérés.

ordonnance du roi nom prénom

Au début du 19ème siècle, l’esclavage est de plus en plus critiqué, lors de congrès, beaucoup de penseurs prennent position contre. Aussi dès 1836, un décret impose à tout propriétaire de l’esclave de les affranchir, s’il veut les amener en métropole, en leur donnant un nom !

La suite vous la connaissez, sous l’impulsion de Victor Schoelcher, qui crée « la société pour l’abolition de l’esclavage », réussit à faire abolir l’esclavage le 27 avril 1848. Sarda Garriga, commissaire de la république chargé de mettre en application cette loi attendra le mois de décembre, c’est-à-dire la fin de la coupe de la canne à sucre  pour la faire appliquer et évite ainsi les révoltes.

Les esclaves sont affranchis, il faut donc leur donner un nom patronymique. 21 000 noms seront donnés à la Réunion. Bien sûr la vie des affranchis n’est pas rose. Ils ont la liberté et la citoyenneté (c’est-à-dire le droit de vote, ce qui est surprenant puisque les femmes des esclavagistes ne l’auront que près d’un siècle plus tard), cependant pour vivre, ils n’ont pas beaucoup de choix, soit ils retournent travailler chez leur ancien maître, soit ils commettent de petits larcins (rare était ceux qui avaient réussi à mettre de l’argent et réussir à s’installer sur de petit terrain, notamment à Saint-Paul).

albiusPrenons un exemple d’esclaves reconnu aujourd’hui comme un personnage historique de premier plan à la Réunion, celui d’Edmond. Le petit garçon alors âgé de 12 ans travaille en tant qu’esclave chez un botaniste de la ville de Sainte-Suzanne du nom de Féréol Beaumont Bellier. Un jour le botaniste reçoit des orchidées dites épiphytes, des fleurs ornementales. Edmond qui a observé son maître s’essaie à la botanique, il retire l’obstacle qui empêche la pollinisation, met en contact les organes males et femelles de la plante. Le résultat de cette expérience c’est la vanille, un produit qui va enrichir tous les maîtres qui vont se l’arracher par la suite. Une fois affranchi, il prend le nom d’Albius. Pour vivre il commettra des vols qui le conduiront en prison. Une fois libéré il travaille comme cultivateur et meut dans l’oubli à la cinquantaine passée.

acte d'affranchissement d'Edmont Albius

Acte d’affranchissement d’Edmond Albius

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